• Les lettres de soutien des médecins au Pr Even et Debré

    LaNutrition.fr publie les lettres de médecins qui soutiennent le Pr Philippe Even après sa condamnation lundi 17 mars 2014 (avec le Pr Debré) à un an d'interdiction d'exercer la médecine, dont six mois avec sursis, pour la publication du Guide des 4000 médicaments. LaNutrition.fr s'associe pleinement à cette démarche.

    Les lettres de soutien des médecins au Pr Even et Debré     LaNutrition.fr - Mardi 08 Avril 2014

     L'inquiétante condamnation par le Conseil de l'ordre des médecins de Paris de deux médecins qui sont engagés dans une démarche d'information du public suscite l'émotion de plusieurs de leurs confrères. LaNutrition.fr a décidé de relayer leur message et donner également dans un entretien exclusif, au Pr Even, plus combatif que jamais

     

    20 médecins s'insurgent contre une sanction qui porte atteinte à la liberté d'expression et disent leur admiration pour le combat de Philippe Even.

    Nous sommes scandalisés par la décision du Conseil régional de l’Ordre des Médecins de suspendre d’exercice  Philippe Even, coauteur du Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux  au motif qu’il s’agirait « une opération commerciale et non-confraternelle, allant à l’encontre des données acquises de la science et susceptibles d’inquiéter les malades ». Nous regrettons une sanction portant atteinte à la liberté d’expression, sous le couvert d’une confraternité trop souvent caution de la loi du silence. Nous voulons témoigner de notre estime pour Philippe Even, de notre confiance en son intégrité, son désintéressement, la qualité et le courage de ses analyses. Co-auteur de plusieurs ouvrages de médecine et de physiologie anglo-saxons, il a aussi traduit ou écrit plusieurs livres visant à faire connaître au public français les relations parfois troubles entre certains médecins universitaires et l’industrie pharmaceutique.

    Nous voulons dire notre admiration pour la ténacité avec laquelle il mène depuis des années son combat de lanceur d’alerte, en ouvrant de nombreux et indispensables débats, sur des bases scientifiques et non sur des arguments d’autorité, pour une médecine plus efficace et plus sûre, au seul service des patients et de leurs médecins.

    Pr JM. ANDRIEU, cancérologue

    Pr EE. BAULIEU, endocrinologue, Acad. Sciences

    Pr C. BRECHOT, hépatologue, Directeur Général de l’Institut Pasteur,

    Pr JL. CASANOVA, généticien, Université Rockefeller, New-York et Université Paris Descartes,

    Dr J. CHASSIGNEUX, Médecine Interne, Paris

    Pr P. DEHEUVELS, statisticien, Université Paris 6, Acad. Sciences

    Ph. FOUCRAS, Formindep,

    Pr A. FISCHER, immunologiste et pédiatre, Acad. Sciences

    Dr I. FRACHON, pneumologue, CHU de Brest, "en hommage au relais courageux de Philippe Even pour dénoncer le crime du Mediator"

    Pr B. GUIRAUD-CHAUMEIL, neurologue, Ancien Président de la Conférence des Doyens des Facultés de Médecine

    Pr JJ. LEFRERE, Directeur de l’Institut National de Transfusion Sanguine

    Dr M. DE LORGERIL, cardiologue, CNRS, Grenoble

    Pr GM HALPERN, Université Polytechnique de Hong-Kong

    Pr D. MEYER, hématologiste, Acad. Sciences

    Pr Ph. MEYER, néphrologue, m.c. Acad. Sciences

    Dr Ph. NICOT, Formindep,

    O. POSTEL-VINAY, Ancien directeur de « La Recherche », directeur de la revue Books

    Pr M. RADMAN, biologiste cellulaire et moléculaire, Acad. Sciences

    Pr D. RAOULT, microbiologiste, ancien président de l’Université de Marseille

    Pr JC. WEILL, immunologiste, Acad. Sciences

     

    Lettre du Dr Danielle Azuelos, membre de la Société française de phlébologie, dénonçant une décision infondée et arbitraire

    Cher Professeur Even,

    J'ai lu avec une grande curiosité les deux ouvrages que vous avez co-écrits avec le Professeur Debré, "Le guide des 4000 médicaments, utiles, inutiles ou dangereux" et "La vérité sur le cholestérol".

    J'exerce la médecine depuis 25 ans, je ne me suis jamais installée parce que ma curiosité et ma liberté sont indissociables ; j'ai expérimenté de nombreux modes d'exercice sous diverses latitudes : médecine d'urgence, médecine générale, ville, campagne, montagne, Dom-Tom, réanimation, rapatriements sanitaires, médecine vasculaire, explorations et imagerie vasculaire, PMI, crèches, centres médicaux, dispensaires, cliniques, hôpitaux de l'AP-HP (20 ans), rédaction médicale etc...

    Vous avez dix longueurs d'avance sur la médecine telle qu'elle se transmet et se pratique en France.

    Vos réflexions sont non seulement pertinentes, mais elles devraient nous inviter à développer davantage l'esprit critique qui fait cruellement défaut au sein du monde hospitalo-universitaire et davantage encore en médecine libérale où les charges asphyxiantes d'une médecine discount (22 euros la consultation !) laissent peu de place à la réflexion et à l'esprit d'analyse.

    Combien de médecins ont eu la curiosité de s'interroger sur les effets pharmacologiques du Médiator qu'ils prescrivaient complaisamment à la demande de patients aussi crédules et ignorants qu'eux ?

    J'ai vu les seuils du cholestérol sanguin total considérés (par les labos) comme "normaux" s'abaisser progressivement depuis la fin des années 80 jusqu'au début des années 2000, de 2,60 g/l puis 2,50, 2,20, pour passer au-dessous des 2g/l.

    J'ai vu et je continue de voir un nombre croissant de patients traités par statines pour une soi-disant hypercholestérolémie, adressés pour bilan d'athérome !

    La majorité des écho-Doppler cervico-encéphaliques de ces patients supposés traités pour une hypercholestérolémie isolée (selon les normes actuelles) ne montrent aucune lésion d'athérome des TSA.

    Vos ouvrages sont salutaires.

    D'ailleurs, quand ils sont parus, je me suis dit, "enfin, des esprits libres qui mettent leur érudition au service d'un questionnement sur les prescriptions médicamenteuses".

    En dehors des antibiotiques et des vaccinations, combien de médicaments agissent sur la ou les causes des maladies ?

    La plupart des médicaments sont symptomatiques.

    La chirurgie a progressé plus vite que les thérapeutiques médicamenteuses. Les techniques chirurgicales se sont perfectionnées pour atteindre une précision d'orfèvre, de plus en plus minimalistes quant aux voies d'abord, plus respectueuses de l'intégrité fonctionnelle et esthétique du corps humain.

    Le milieu médical est très conservateur.

    Il y aurait beaucoup à dire sur le besoin de reconnaissance qui sous-tend chaque prescription.

    Il faut beaucoup plus d'humilité pour s'abstenir de prescrire et reconnaître que nous ne savons rien.

    Aujourd'hui, les patients n'hésitent pas à demander à leur médecin de leur prescrire un IRM du cerveau, un scanner du thorax, de l'abdomen, des radios, des échographies, des écho-Doppler, pour un pet de travers.

    La sémiologie n'est pratiquement plus utilisée en médecine clinique. Il est plus facile et rapide de prescrire un examen d'imagerie ou de labo.

    J'ai le sentiment que nous ne cherchons pas dans la bonne direction et que nous faisons fausse route.

    L'immensité des connaissances qui nous manquent pour comprendre les maladies inflammatoires chroniques, les maladies immunitaires et toutes ces maladies traitées depuis plus de 30 ans avec les mêmes thérapeutiques inefficaces...

    La médecine en laquelle je crois est celle qui, sans préjugé ni à priori, prend le temps d'observer, d'écouter, de relever les détails, les signes, de les analyser, de les comparer, de les recenser dans une immense base de données.

    Au lieu de quoi, le malade est étiqueté et casé dans un diagnostic douteux et dirigé vers un traitement non spécifique alors même que personne ne sait vraiment ce qu'il a et que tous les médecins regardent dans la même et unique direction, celle de leur prédécesseur. Chacun reproduit ce qu'il a vu faire et dit ce qu'il a entendu dire. Les médecins sont aussi obéissants que les patients.

    La médecine progresserait bien plus vite si nous disposions d'une immense base de données commune à toutes les spécialités.

    Les découvertes prometteuses sur l'interaction entre le biotope intestinal et le système immunitaire, entre le biotope et le génome humain etc. sont devant nous.

    La décision du Conseil de l'Ordre est infondée et arbitraire.

    Au milieu du tumulte, nous dit Pythagore, apprends à faire silence.

    Que ton esprit en paix écoute et absorbe.

    Avec tous mes remerciements,

    Cordialement,

    Danielle AZUELOS

    La pétition en faveur des Pr Debré et Even

    Partager via Gmail Yahoo!

    votre commentaire
  • Pr Philippe Even : "Nous allons continuer à nous battre pour les malades. Personne ne nous fera taire"

    La chambre disciplinaire de l'ordre des médecins d'Ile-de-France a condamné lundi 17 mars 2014 les professeurs Philippe Even et Bernard Debré à un an d'interdiction d'exercer la médecine, dont six mois avec sursis.

    Cette condamnation fait suite à la parution du Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux (Le Cherche-Midi, septembre 2012).

    Dans cet entretien exclusif, le Pr Even réagit à cette sanction. Il explique qu'elle vise à "faire peur" et "empêcher les médecins de contester l’utilité ou le degré de risque des médicaments."

    Il revendique son rôle de lanceur d'alerte, face à la "corruption" de certains médecins liés à l'industrie pharmaceutique. Sur le cholestérol et les statines, controverse née des articles et livres du Dr Michel de Lorgeril, il confirme que le cholestérol "ne bouche pas les artères" et que les statines sont inefficaces.

    Il annonce qu'il va publier une étude démontrant que la principale méta-analyse, celle qui a créé le fabuleux marché pour les statines a été "falsifiée".Le Pr Even est soutenu dans sa démarche par de nombreux médecins.

    Pr Philippe Even : "Nous allons continuer à nous battre...       LaNutrition.fr - Mardi 08 Avril 2014

    LaNutrition.fr : Avez-vous fait appel de la décision de l’Ordre des médecins ou allez-vous le faire ? Et Bernard Debré ?

    Pr Philippe Even : Nous avons fait appel tous les deux et pris deux avocats, Maître Repiqué, ancien bâtonnier de Paris, et Maître Richard Malka.

    Quels sont les motifs avancés par le Conseil de l'Ordre pour vous sanctionner ?

    La condamnation invoque trois motifs :

    - La non-confraternité pour avoir traité les allergologues utilisant la désensibilisation de charlatans, de gourous ou de marchands d’illusion. Nous avons eu tort. Ils ne font qu’appliquer les règles qu’on leur a apprises. Les vrais responsables sont les quelques universitaires sous-spécialisés dans l’allergologie, dont ils se sont fait un domaine réservé en fondant une série de collèges d’enseignement, d’académies et de sociétés de financement privé, qui leur donnent une couverture sociologique sans fondement scientifique (pas un de leurs articles en français n’est cité dans la littérature mondiale et un seul, qui d’ailleurs n’a pas porté plainte, est l’auteur de nombreuses publications internationales).Nulle part en Europe l’allergologie est une discipline universitaire nationale. Pas plus que la tabacologie ou la proctologie. Nulle part, elle ne délivre des diplômes nationaux, seulement des diplômes d’université dits « complémentaires » et  payants.

    - La volonté de mener une opération « à visée commerciale ». Autrement dit, nous aurions écrit un livre de 900 pages portant sur 4000 médicaments, qui a nécessité plus d’un an de travail à plein temps, pour gagner de l’argent. Le livre a eu un succès que nous n’avions pas prévu, puisqu’il a été épuisé en librairie dès le premier jour, tant nous étions loin de prévoir un tel impact, qui reflète non pas la qualité du livre, mais le besoin des citoyens d’obtenir des informations le plus fiables possible, d’auteurs indépendants des pouvoirs publics et de l’industrie pharmaceutique.

    - La contestation, sur certains points, dont la désensibilisation et les statines, de ce que le Conseil de l’Ordre, qui n’en sait rien, appelle : « les données acquises de la science » et par conséquent, dit le Conseil : « nous aurions remis en cause la compétence et l’honnêteté des médecins, notamment allergologues (qui avaient porté plainte) et cardiologues (qui n’ont pas porté plainte), faisant ainsi courir aux malades "un risque médical réel, s’ils arrêtaient leur traitement" ».

    Cette sanction est-elle un avertissement lancé à tous les lanceurs d’alerte ? Peut-on encore remettre en cause des traitements qui ont été validés par les autorités sanitaires

    Pour moi, la sanction du Conseil de l’Ordre vise à décrédibiliser les auteurs de ce Guide, qui se veulent en effet, sur certains points, des lanceurs d’alerte au service exclusif des patients et des médecins. Je rappelle que le Guide donnait une liste de 60 médicaments à retirer du marché, qui était très proche de celle de la revue Prescrire, dont 3 ou 4 ont été finalement effectivement retirés, et qu’il annonçait de futurs accidents thérapeutiques graves, en particulier avec les pilules de 3ème et 4ème génération, un an avant que ces accidents n’éclatent.

    Il y a dans cette sanction la volonté de faire peur et d’empêcher les médecins de contester l’utilité ou le degré de risque des médicaments, contre l’avis des agences de santé considérées par les pouvoirs publics comme des références établies, n’ouvrant pas matière à débat ou controverse.

    Nous maintenons que 40 ans de laxisme, d’incompétence, de politique de l’autruche et de corruption, ont conduit à la situation presque irréversible d’aujourd’hui, avec 40% de médicaments remboursés inutiles ou peu utiles, dont 20% avec des effets secondaires gênants et 5% très dangereux, 37 milliards d’euros de dépenses de médicaments, 1,5 fois celle des autres pays, pour l’unique bénéfice de l’industrie pharmaceutique, 20.000 morts et 100.000 hospitalisations pour accidents thérapeutiques recensées (certainement beaucoup plus, car la majorité ne sont déclarées ni en ville, ni à l’hôpital).

    Nous pensons que la France a besoin de  lanceurs d’alerte et qu’elle devrait non pas seulement éviter de les attaquer, mais encore les inciter et les protéger, comme aux Etats-Unis. Elle aurait plus besoin encore d’un organisme indépendant des firmes et des pouvoirs publics. La revue médicale Prescrire joue ce rôle, mais avec des moyens relativement limités et seulement 15000 lecteurs médecins. Elle remplit pourtant cette fonction de guide et de vigile infiniment mieux que l’ont fait et le font encore nos agences nationales ou nos pouvoirs publics (même si certaines structures comme la Commission de Transparence de la Haute Autorité de Santé émettent des avis que nous considérons comme généralement excellents, mais, malheureusement, lorsqu’il s’agit de fixer les prix et les remboursements, ces avis ne sont pas écoutés par le Comité Economique des Produits de Santé, organisme interministériel non médical et secret, qu’il importe de supprimer).

    En écrivant le Guide des 4000 médicaments, adressiez-vous un message au public ? Aux médecins ? Aux deux ?

    Notre Guide s’adressait aux médecins généralistes et aux patients. Ce sont eux qu’il faut informer de façon claire et indépendante. La thérapeutique, c’est avant tout une affaire de dialogue médecin-malade, où les médicaments ont évidemment leur place, mais pas toute la place. C’est ce dialogue que nous avons voulu enrichir, pour que les patients n’hésitent pas à questionner leur médecin, que ceux-ci les informent le plus clairement et indépendamment possible, y compris en leur donnant leurs sources d’information. Un médecin qui lit Prescrire n’est pas un médecin qui litLe Quotidien du Médecin, et les malades doivent apprendre à identifier les uns et les autres. Un malade ne devrait pas se laisser traiter sans tenter de comprendre. Nous savons bien que beaucoup de médecins exercent ainsi leur métier et souhaitent ce contact de confiance avec leurs malades. Ce sont aux médecins généralistes que notre Guide s’adressait, parce que nous les savons curieux et avides de connaissances et désireux, par vocation, de se mettre au service de leurs patients. Eux, soignent des malades. Les spécialistes universitaires des hôpitaux, assurés de leurs savoirs pourtant souvent lacunaires, contestables ou périmés, ne soignent de plus en plus que des maladies, de façon quelque peu déléguée et robotisée. Le lien personnel médecin-malade a disparu des hôpitaux et il n’a pas la même qualité chez les spécialistes de ville que chez les généralistes. La médecine, pour nous, doit être recentrée sur les médecins généralistes et non sur les hôpitaux. Les généralistes veulent savoir, les spécialistes croient savoir et parfois à tort.

    Renonçant à leur donner une formation continue indépendante, on leur impose des « recommandations », alors qu’il s’agit de leur laisser ce qui fait la grandeur de leur métier, la liberté informée de prescrire. Malheureusement, les généralistes ont aujourd’hui perdu une grande part de cette liberté d’action, contraints de prolonger quasiment les yeux fermés, les ordonnances hospitalières, souvent rédigées de façon quasi automatique par les internes, en même temps qu’ils sont encadrés par des recommandations officielles, trop souvent scientifiquement non justifiées et qu’ils sont incités à suivre pour recevoir une mini-rémunération supplémentaire, une situation insupportable quand on connait le fonctionnement interne de nos agences de santé, leur lenteur, leur dogmatisme, leur difficulté à se remettre en cause, leur soumission aux pressions de l’industrie.

    Ces contraintes imposées ne respectent pas l’individualité des patients. La valeur d’un médicament n’est qu’une valeur moyenne approximative et toujours matière à controverse. Les résultats obtenus dépendent surtout de la pertinence du diagnostic, des doses, de la durée, de l’âge, du sexe, des pathologies et des médicaments associés, susceptibles d’interagir les uns avec les autres, et il dépend aussi du mode de vie, de l’environnement, etc. Les recommandations ne devraient être que des avis ou des conseils généraux et en aucune façon des quasi-obligations, qui placent les médecins en situation d’être condamnés en justice s’ils ne les respectent pas.

    Malheureusement, jamais les pouvoirs publics n’ont été capables d’informer les patients et c’est pourquoi nous avons cru que notre Guide pourrait être utile, malgré ses imperfections. La seconde édition, pour la fin de cette année, sera, nous l’espérons, mieux adaptée à nos objectifs (il est à noter qu’un certain nombre d’universitaires, membres inamovibles des commissions des agences de l’Etat et directement responsables d’une situation qu’ils n’ont jamais dénoncée, ont cru discerner un très grand nombre d’erreurs dans notre Guide, sans d’ailleurs jamais préciser lesquelles. Ils ont annoncé, à l’époque, qu’ils allaient dans les 3 mois sortir un Guide « officiel » - ! – qui, 18 mois après, n’a toujours pas vu le jour. C’est qu’un Guide comme celui-là, c’est un travail d’analyse et de lectures à plein temps).

    Nous pensons enfin que pour être un bon thérapeute, il ne suffit pas d’être pharmacien ou médecin de grande expérience personnelle. Quelle que soit leur activité, les médecins ne voient, au maximum,  que quelques dizaines ou parfois centaines de malades atteints d’une maladie donnée. Ils ne peuvent s’affranchir de l’étude critique attentive des essais cliniques publiés qui portent sur des milliers de malades. L’expérience est importante, mais la culture thérapeutique l’est autant.

    Lire aussi : Est-ce la fin des illusions médicales, par le Pr Claude Béraud

     

    Pouvez-vous expliquer aux internautes comment les laboratoires s'assurent de la "proximité" de certains experts, ce qui permet de contrôler le discours des sociétés savantes, des revues médicales, des agences sanitaires, et jusqu'aux médias grand public comme les grandes émissions de TV sur la santé....

    D’abord une remarque : il n’est plus légitime de parler de laboratoires pharmaceutiques, dès lors que la recherche n’est de loin plus la préoccupation de ces structures. Je préfère parler d’entreprises ou de firmes. Cela n’est en aucune façon déshonorant et cela est plus vrai.

    Vous parlez de « proximité ». Ce n’est pas de cela qu’il s’agit et appelons un chat, un chat. Il s’agit de connivence rémunérée, c’est-à-dire, soyons clairs, de corruption de certains experts universitaires. J’y consacrerai un livre au mois de septembre. Ils ne sont qu’une minorité, de 5 à 10 par grande discipline, mais ils font la loi, car les autres, occupés ailleurs, auprès de leurs malades ou de leur laboratoire de recherche, ne s’intéressent guère au domaine du médicament, où ils font preuve d’une crédulité, d’un suivisme passif, d’une naïveté assez confondants.

    Le chainage est simple : l’industrie pharmaceutique réalise les essais cliniques sur les molécules qu’elle choisit, dans le domaine qu’elle choisit, là où il y a un grand marché, c’est-à-dire les maladies fréquentes et chroniques des pays riches, et non pas en fonction des problèmes de santé publique prioritaires. Elle réalise ces essais dans le secret (elle refuse toujours d’ouvrir ses dossiers, qui ne sont accessibles qu’au cours des procès qui lui sont faits par les patients ou par les agences gouvernementales, procès où elle a toujours été condamnée à des milliards de dollars d’amendes pour mensonges et dissimulation des risques).

    A 500 millions l’essai, elle ne peut se permettre de conclusions qui ne soient pas positives, au moins sur quelques points. Elle conduit ensuite l’analyse des résultats elle-même, écarte les données gênantes, n’informe même pas les malades qu’elle a attirés dans les essais et fait rédiger les articles par ses propres médecins rédacteurs (« ghost authors »). Les articles sont ensuite cosignés les yeux mi-clos par les experts universitaires invités (les « guest authors »), qu’elle rémunère lourdement pour cela (de 20000 à 100000 dollars) et les fait, le plus souvent qu’elle le peut, accompagner d’éditoriaux favorables, rédigés par d’autres experts tout aussi rémunérés que les précédents. Elle les diffuse ensuite à la tribune des congrès, qu’elle programme, organise et finance, et parfois même au cours de séminaires satellites, dont les comptes-rendus seront publiés par les grands journaux, de préférence à ceux des congrès eux-mêmes ( !). Les articles sont ensuite publiés dans les journaux qu’elle commandite et subventionne, même les plus grands, car aucun ne peut survivre sans son appui.

    Ce faisant, elle assure du même coup la notoriété de ses experts universitaires, dont le nom revient sans cesse dans les grands journaux internationaux (parfois chaque semaine !!!). Elle en fait ainsi des « opinion leaders » et même des « key opinion leaders » (KOL), qui influencent de façon déterminante les sociétés, dites savantes, de leur discipline, qui elles aussi ne peuvent survivre que grâce aux subventions de l’industrie, qui leur procure 90% de leurs recettes.

    Ces sociétés émettent alors des recommandations thérapeutiques, inspirées ou directement rédigées par les KOL, reprises ensuite à peu près à l’identique, par les Agences de santé gouvernementales, qui s’entourent elles-mêmes pour les rédiger de certains de ces mêmes KOL. Ces recommandations, nationales ou internationales, s’imposent alors aux médecins, de sorte que la boucle est bouclée et qu’en pratique l’industrie pharmaceutique tient presque seule la plume des prescripteurs (à propos des KOL, il est significatif de constater que ces fonctionnaires de l’Etat placent leurs noms et titres universitaires en caractères gras à la première page des articles auxquels ils prêtent leur nom, mais que pour connaître les 3, 5, 10 ou 20 contrats financiers personnels et jusqu’à 50, les liant à autant de firmes pharmaceutiques, il est nécessaire d’aller les chercher sur le site Web des journaux).

    Lire aussi : Quand Le Monde refuse de publier un billet du Dr de Lorgeril

     

    Les médecins qui soutiennent votre condamnation (il y en a) vous reprochent notamment d’avoir abusé des leviers médiatiques et de n’avoir pas prouvé vos dires sur le cholestérol et les statines. Que leur répondez-vous ?

    Ce sont les médias qui, après l’affaire du Médiator (où la Présidence de la République nous avait demandé un rapport), nous ont invités à parler et non l’inverse, parce que, enfin, après les scandales de santé publique à répétition depuis 20 ans, ils ont compris que rien n’allait derrière le décor officiel, systématiquement rassurant, de nos agences successives.

    Nous n’aurions pas prouvé nos dires sur le cholestérol et les statines ? J’ai écrit un livre entier sur le sujet, avec le résumé et les données chiffrées de la plupart des essais publiés, mais lequel de mes détracteurs les a lus ? Je veux dire lus et travaillés ? Après enquête, je dis : aucun, et aucun n’accepte une confrontation publique. C’est que la vérité fait toujours peur à ceux qui l’ont longtemps étouffée. Les marche-arrière et les virages sont difficiles. Le pire des dangers n’est pas l’ignorance, mais la conviction aveugle et quasi religieuse. Pour avoir un débat, il faut au moins accepter d’écouter l’autre et pour arbitrer, remonter aux sources, c’est-à-dire aux données publiées. Mais les cardiologues qui nous critiquent ne font jamais référence à des résultats chiffrés, seulement à un dogme et une phraséologie générale, dont jamais aucune preuve n’est avancée. Leurs discours n’est fait que d’incantations et d’opinions, pas d’informations. Ils psalmodient toujours, au fil des années, la même vieille chanson instrumentalisée par l’industrie pharmaceutique, qui s’y est taillé le plus grand marché de médicament du monde, devant les anticancéreux et les antidépresseurs, sans jamais, je dis bien jamais, remonter aux sources scientifiques. A quoi sert-il alors de mettre sur la table des centaines de références, si personne ne veut examiner les essais eux-mêmes et seulement les résumés et les éditoriaux ou les seules conclusions de métanalyses falsifiées (c’est démontré, pièces en main) ou le simple discours ambiant ? Dès lors, que voulez-vous que je vous dise ici ?

    Peut-être résumer vos arguments pour ceux qui ne les connaissent pas encore.

    On peut retenir dix points en bref :

    1. Le cholestérol est le même chez les sujets qui font un infarctus du myocarde que chez ceux qui n’en font pas… Et cela semble n’étonner personne !

    2. L’infarctus est particulièrement fréquent chez les aborigènes d’Australie et les nomades du Sahel, qui ont un cholestérol moyen d’ 1,50g.

    3. Entre 1,5 et 2,7 g/l de cholestérol, il n’y a aucune augmentation de la mortalité coronaire, qui ne commence à s’élever qu’au-delà de 2,7 et surtout 3g/l (mais corrélation n’est pas causalité. La grippe et l’importation des bananes s’accroissent en hiver). Mais en utilisant les logarithmes, on transforme cette courbe, dite en « crosse de hockey » ou en « J allongé », en une droite régulièrement ascendante d’1,5 à 3 g. Il s’agit là d’un pur trucage statistique, réalisé à dessein, qui fait rire tous ceux qui connaissent la statistique. Un trucage simpliste, qui saute aux yeux et qui n’aurait de validité que si nous traitions des logarithmes de malades avec des logarithmes de statines.

    4. Les plaques d’athérome ne sont pas des dépôts de cholestérol, mais des cicatrices inflammatoires chronicisées chez certains, pour des raisons génétiques et dues aux chocs de pression sur les courbures et bifurcations artérielles. Le cholestérol ne fait que transporter dans les macrophages les acides gras qui leur apportent l’énergie nécessaire à la réaction inflammatoire. Les cardiologues sont à côté de la plaque.

    5. Personne n’est parvenu à créer des plaques d’athérome chez l’animal (30 références), même en perfusant du cholestérol pendant des semaines pour atteindre un taux sanguin 8 fois supérieur à la normale. On n’obtient alors que des dépôts de cholestérol, diffus dans tous les tissus, peau, œil, tendons, veines, foie, muscles… et même artères. Rien de commun avec l’athérome, mais ça ressemble aux formes graves d’hypercholestérolémie familiale, qui est une maladie génétique tout à fait à part, sans rapport avec l’athérome.

    6. Les 70 essais cliniques des statines financés de 1994 à 2008 par l’industrie pharmaceutique (il m’a fallu 15 heures de travail pour analyser chacun d’entre eux) sont tous délibérément et lourdement falsifiés –  je ne dis pas biaisés, je dis falsifiés – à tous les niveaux :

    - Exclusion de 80% des patients pour éviter les risques d’effets secondaires et fabriquer des patients « idéaux » (mais les résultats seront extrapolés à 100% de populations non sélectionnées).

    - Double aveugle non respecté.

    - Contrôle des patients tous les 6 mois seulement.

    - Arrêt des statines par les patients dans 25% des cas.

    - Prise de statines par le groupe placebo dans 15% des cas.

    - 25% des patients perdus de vue.

    - Critères d’évaluation multiples, chevauchants, subjectifs ou objectifs, souvent combinés de diverses façons, de telle sorte que quand le critère est cliniquement signifiant, il n’est pas statistiquement significatif et n’est significatif que quand il n’a pas de signifiance clinique.

    - Résultats présentés sous forme de réduction relative et non de réduction absolue et sans évaluer le nombre de malades à traiter pour éviter un accident. Ainsi annonce-t-on 20% de réduction relative de la mortalité (exemple 80 vs 100) en 5 ans, sans dire que la réduction absolue par rapport au nombre de malades traités est de 20/2.000, soit 1% en 5 ans, soit 0,2% par an, soit 99,8% d’échecs, obligeant à traiter 500 malades pour écarter 1 accident par an ou 100 pour éviter 1 accident tous les 5 ans.

    7. Malgré ces multiples biais, 82% des essais ne montrent aucun effet sur la mortalité coronaire et les accidents vasculaires cérébraux et 60% aucun effet sur les accidents cardiovasculaires, majeurs ou non.

    8. En outre, ces effets soi-disant significatifs sont extraordinairement minuscules : sur 100.000 malades traités comparés à 100.000 non traités, 150 morts auraient été évités après 5 ans de traitement, soit 0,15%  des patients, obligeant à traiter plus de 600 malades pour écarter un décès par an, soit à 1.000 €/an  (médicaments, consultations, examens biologiques et d’imagerie, etc.), 600.000 € par décès soi-disant évité. Des résultats si minuscules qu’ils ont suscité un article quasi humoristique dans le British Journal of Medicine du 17 décembre 2013, montrant que les statines sont juste aussi efficaces qu’une pomme croquée chaque matin, mais avec plus de complications (l’étude, très sérieuse, porte sur 10 millions d’Anglais suivis 20 ans).

    9. Même ces résultats infra-minuscules ne sont pas crédibles, car depuis 20 ans que les statines sont sur le marché, aucune diminution de la mortalité coronaire n’a pu leur être attribuée, leur effet éventuel s’effaçant derrière celui des antihypertenseurs, des antidiabétiques, de la lutte contre l’obésité et le tabac, et ceux de la prise en charge des infarctus du myocarde dans les 2 heures, dans les unités de réanimation.

    10. Concernant les complications, il y a encore un livre à écrire. Elles ne sont en aucune façon anodines. Les essais cliniques de l’industrie, qui y consacrent …3% de la longueur des articles et qui ont tout fait pour écarter au préalable les patients à risque, ont dû pourtant stopper les études à cause des effets secondaires chez 10 à 15% des patients (complications musculaires, tendineuses, cutanées, neurologiques, psychologiques, sexuelles et nouveaux diabètes).

    Vidéo : Michel de Lorgeril et l'arnaque du cholestérol et des statines

     

    Des médecins vous accusent de mettre en danger la vie des patients s’ils interrompent leur traitement. Que leur répondez-vous ?

    Il y a plus de risques à continuer les statines qu’à les arrêter. Quand les cardiologues se décideront ils enfin à lire par eux-mêmes, ne serait-ce que  4 ou 5 des 70 essais cliniques sur lesquelles est fondée cette croyance quasi universelle ? Ils en sortiront abasourdis. Le dossier est totalement vide. L’histoire des statines tourne en dérision toute la profession médicale, à cause de quelques leaders d’opinion cardiologues américains, puis hélas français, dont il suffit d’examiner le curriculum pour comprendre leur totale dépendance à l’égard de l’industrie et en particulier, des firmes MSD, BMS, Pfizer et Astra-Zeneca. Mais il s’agit d’un marché qui a rapporté 300 milliards de $ à ces 5 firmes, l’un des marchés qui a permis que chacune d’elle se classe, en terme de valeur boursière, de chiffre d’affaire, de bénéfice annuel, devant Boeing ou la société Coca-Cola ! En nous attaquant à ce marché et à ces firmes, non seulement nous avons le sentiment et la volonté de nous battre au service des malades et peut-être plus encore au service de l’éthique et de la vérité scientifique. Personne ne nous fera taire.

    Lire aussi : Le commentaire du Pr Even à l'étude qui assure que les patients qui arrêtent les statines mettent leur vie en danger

     

    Dans Les Echos du mardi 1er avril 2014, un grand dossier sur les anti-PCSK9 présentés comme des « anticholestérol révolutionnaires », avec les interviews de 3 médecins liés à l’industrie pharmaceutique sans que ces liens soient portés à la connaissance des lecteurs. Que vous inspirent ce dossier et ces pratiques dans les médias grand public ?

    Fascinant de voir l’industrie pharmaceutique annoncer des lendemains qui chantent, d’abord dans les journaux financiers avant les journaux scientifiques, pour s’attirer les investisseurs. Elle fait de même à Wall Street, à Londres, à Francfort et à Berne. C’est désormais pour elle une pratique constante, depuis qu’elle est devenue une simple succursale des grands fonds d’investissement dans le cadre d’un néocapitalisme financiarisé et non plus entrepreneurial. Il s’agit de créer une crainte, une angoisse et en même temps un espoir, des années avant de lancer un médicament, avant même que les recherches soient terminées, pour fabriquer d’avance un marché de pseudo-malades dont le cholestérol est le fleuron (Knock l’avait déjà fait dans son village en 1923 !) et cela, avec la bénédiction des pouvoirs publics, qui, au prétexte de développer la Santé publique et la prévention, au nom d’un principe de précaution injustifié, et de soutenir l’activité industrielle et les emplois, soutiennent n’importe quelle activité, utile ou non, dangereuse ou pas.

    Les anti-PCSK-9 ne seront pas autorisés, si tout va bien, avant 2018, et peut-être ne le seront-ils jamais. Tant que l’industrie pharmaceutique et les cardiologues, les uns crédules et plutôt ignorants, et les autres, peu nombreux, corrompus à l’os, parviendront à faire croire aux dangers du CHO, on verra sortir de nouvelles merveilles, pour tenter de le réduire et réitérer le coup des statines et avant elles, des fibrates. Mais avec les anti-PCSK-9, attention : il ne s’agit pas d’un médicament ordinaire, mais d’anticorps monoclonaux ou de micro-ARN à 50 €/jour. Pas à 0,5 €/jour comme les statines. Il va donc falloir changer d’échelle et c’est pourquoi on commence à cibler la très rare hypercholestérolémie familiale homozygote et après, peu à peu, on tentera de l’étendre à toutes les hypercholestérolémies. C’est gros comme de la corde à puits. Les trois médecins que vous indiquez, lourdement liés à Sanofi, dont deux se sont déjà produits dans Science et Avenir, minaudant sur les dangers du cholestérol et les espoirs des anti-PCSK9 sont en action. Bien payés, ils continueront à le faire. Retenez leurs noms que personne ne connaissait jusque-là, vous allez les revoir.

    Cela dit, les anti-PCSK9 seront probablement un peu plus actifs sur le cholestérol que les statines (dont vous pouvez quadrupler les doses, avec bien plus de complications, mais sans abaisser plus les LDL).

    Mais à quoi bon abaisser le cholestérol, puisqu’il ne joue rigoureusement aucun rôle dans les maladies artérielles de l’adulte ? C’est le mythe des dangers du cholestérol qu’il faut détruire. Pour les statines, c’est pratiquement fait, car elles ne rapportent plus guère puisqu’elles sont génériquées. Donc, l’industrie s’en désintéresse.

    De quelle manière comptez-vous poursuivre le combat sur le plan scientifique ?

    Je prépare une grande overview sur les statines (pas ce qu’on appelle une métanalyse et qui est en réalité toujours une métasynthèse, destinée par effet de nombre, à rendre statistiquement significatifs des essais cliniques, qui, individuellement, ne le sont pas, au prix de réunir des essais extrêmement hétérogènes en terme de risques, d’âge, de sexe, de pays, d’ethnicité, de doses, de pathologies associées, etc., en se protégeant derrière un tour de passe-passe statistique puéril, destiné à faire croire qu’ils sont en réalité homogènes, à coup de CHI-2, I-2, etc., qui ne sont une fois de plus que des trompe-l’œil).

    Je vais par ailleurs apporter la preuve absolue, irréfutable, visible au premier coup d’œil, de la falsification de la plus grande métanalyse qui ait été publiée sur les statines et qui visait à démontrer qu’il fallait traiter tout le monde, quelque soit le cholestérol et les risques cardiaques, donc en prévention primaire, comme en prévention secondaire, et aux doses les plus élevées possibles. Cette métanalyse est l’article le plus cité de la littérature médicale (6.000 fois). C’est elle qui a permis de multiplier par quatre le marché des statines (traiter tout le monde à haute dose). Elle repose sur un graphique montrant une relation linéaire entre la chute des LDL procurée par les statines et la réduction des complications cardiaques.

    Problème : j’ai repris tous les essais cliniques sur lesquels est fondée cette figure décisive. Les données réelles n’ont rigoureusement aucun rapport, absolument aucun, avec les points représentés sur la figure. Il n’y a en réalité aucune relation entre réduction de la mortalité cardiovasculaire et réduction des LDL (le coefficient de corrélation est de 0,1 !). Il s’agit d’une pure et absolue falsification, venue du trop célèbre CTSU d’Oxford (Center of Trial Service Unit), organisme privé, essentiellement financé, et même statutairement, par les grandes firmes, et qui n’en est pas à son premier coup (son créateur, Sir Richard Doll, a été condamné, il y a 3 ans, par les tribunaux anglais pour avoir truqué, moyennant finances, les tests de sécurité des produits de Monsanto). 

    Comment les médecins et les patients qui le souhaitent peuvent-ils vous soutenir ?

    Pour les généralistes, en s’informant eux aussi et en se battant ensemble pour la défense de leur liberté de prescription informée et responsable sans laquelle leur métier n’a même plus de sens, et pour les patients, en manifestant eux aussi leur volonté d’être informés, avec le désir d’établir un dialogue de confiance intelligente avec leur généraliste. Pour les cardiologues, la partie est perdue. Il faudra attendre la prochaine génération !

    Voir aussi : une pétition pour soutenir les Pr Even et Debré

    Propos recueillis par Thierry Souccar

    Partager via Gmail Yahoo!

    1 commentaire
  • Polémique sur l'arrêt des statines. Le commentaire du P... Polémique sur l'arrêt des statines.

    Le commentaire du Pr Even

    Vendredi 11 Octobre 2013 dans La Nutrition.fr

    Dans un article récent très médiatisé, des médecins français assurent que l'arrêt de leur traitement anticholestérol par une partie de la population, à la suite de la polémique sur les effets réels des statines, se traduira en un an par 4992 "événements cardiovasculaires majeurs" dont 1159 décès. Le Pr Philippe Even, auteur de "La vérité sur le cholestérol" commente cette publication.

    Note du Pr Even : ce commentaire est rédigé pour les médecins et pour les journalistes intéressés par les questions médicales. Il peut être trop complexe pour les patients, qui en bénéficieront peut-être indirectement.

    Introduction

    L’article récent de N. Danchin et collaborateurs a une apparence, la protection des patients légitimement déstabilisés par la remise en cause des dangers allégués du cholestérol (CHO) et de l’utilité des statines.

    Il aboutit à une réalité, la défense des intérêts financiers des firmes pharmaceutiques et ceux de certains cardiologues et de leurs multiples sociétés, associations, fédérations, syndicats, collèges d’enseignement et journaux de cardiologie, athérosclérose, hypertension, « lipidologie », etc., qui tous ne vivent que par les subsides de l’industrie.

    L’article est fondé sur une quadruple méprise : une erreur qui, pérennisée depuis 50 ans, a pris la dimension d’un dogme, le mythe des dangers du cholestérol ; une illusion, l’efficacité des statines ; une micro-enquête bâclée et une extrapolation statistique illicite.

    Et comme si cela ne suffisait pas, l’article fourmille d’erreurs factuelles.

    Mais avant d’aller plus loin, rappelons que 10% des Français et le quart des 45 à 80 ans, soit 6 millions, sont sous statines, ce qui place la France de loin au premier rang mondial, devant même les Etats-Unis, où 10% de la population est également traitée (30 millions), mais où la fréquence des maladies artérielles est 2,5 fois plus grande qu’elle ne l’est chez nous. Une situation d’autant plus étrange qu’aucune statine n’a été découverte en France et qu’aucun des grands essais qui les ont propulsées au premier rang des ventes mondiales de médicaments n’a été mené en France  ou par des Français (à l’exception de SPARCL par l’excellent neurologue P. Amarenco), absents pour inventer, absents pour évaluer, mais présents pour prescrire comme des moutons de Panurge.

    Ce marché, fabriqué depuis 20 ans, est le premier marché de médicaments du monde et, en France, loin devant les antibiotiques, les antidépresseurs et la plupart des antihypertenseurs et des chimiothérapies anticancéreuses. Il a rapporté en 20 ans, 300 milliards de $ aux firmes pharmaceutiques et coûte chaque année 2 milliards d’€ à la Caisse nationale d’assurance-maladie française (l’équivalent par exemple du salaire brut de 35.000 infirmières).

    Remettre en cause l’efficacité des statines, c’est donc frapper l’industrie pharmaceutique au cœur et c’est cela, et cela seulement, qui explique la violence de certaines réactions et l’impossibilité de tout dialogue scientifique constructif, au profit des anathèmes, des exorcismes et de l’excommunication des contestataires. Pourtant, l’histoire montre que la vérité finit toujours par s’imposer, même en médecine et elle s’imposera ici comme ailleurs.

    Le journal et les auteurs

    Précisons aussi que cet article a été publié dans un journal français, que, malgré son nouveau titre anglais, à peu près personne ne lit, les Français parce qu’il est écrit en anglais, et les Anglo-saxons parce qu’il est français ! Ces articles ne sont entendus que quand le Quotidien du Médecinles reprend le jour même à coups de cymbales, en alertant l’Agence française de presse médicale, l’AFP, et finalement le Figaro et tous les journaux. Aucun journal anglo-saxon à comité de lecture n’aurait publié un si pauvre factum. Ce journal est [publié par la Société française de cardiologie, elle-même liée à l’industrie - NdE], et il a un très bas niveau scientifique, classé au 20ème rang des 20 journaux internationaux de cardiologie en terme d’impact (son « facteur d’impact » est 10 fois inférieur à celui des grands journaux, tels que Circulation ou le Journal of the American College of Cardiology ou le European Heart Journal). Il est en outre édité par Elsevier, un éditeur international, condamné il y a peu à plusieurs milliards d’amende, pour avoir publié de faux journaux (fake-journals), sans comité de lecture, destinés à diffuser directement les messages de l’industrie aux médecins.

    L’article est signé de quelques médecins de l’Hôpital universitaire européen Georges Pompidou et d’une clinique privée, cornaqués par l’un des deux cardiologues français les plus étroitement attachés depuis 20 ans à l’industrie pharmaceutique, dont il est devenu l’un des porte-voix attitré et qui est actuellement lié par des contrats financiers personnels de consultance (pas des contrats de recherche, ne vous y trompez pas) à 14 grandes firmes, dont toutes celles qui commercialisent les statines, MSD, Pfizer, Astra-Zeneca, BMS et naturellement à J. Servier. Grâce à ces collaborations intensives, N. Danchin, non pas signe, mais cosigne seulement 1 article d’une ou plusieurs années de travail tous les 18 jours… c’est dire la place importante qu’il y occupe, celle du passager, plus souvent que celle du chauffeur (dans 17 de ses publications, son nom ne figure même pas en première page, relégué en petits caractères à la fin de l’article) !

    Erreur, illusion, micro-enquête, extrapolation illicite, tels sont les quatre piliers de l’article.

    L'erreur de fond

    L’ERREUR est de croire encore que le CHO encrasse les artères et crée les plaques d’athérome et à travers elles, est à l’origine des thromboses coronaires et cérébrales, qui conduisent à l’infarctus du myocarde (IM) et aux accidents vasculaires cérébraux (AVC).

    Sur le fond, je n’en dirai pas plus ici, car il s’agit d’une grande controverse scientifique, hors du champ de ce commentaire.

    Bornons-nous à rappeler que :

    - Le CHO n’est pas une graisse, mais un cristal acide biologiquement inaltérable, qui structure les membranes cellulaires, protège la vie cellulaire et stabilise les récepteurs membranaires, qui permettent les communications entre les cellules, jouant ainsi un rôle-clé dans le développement et dans les fonctions neuronales et qu’il joue en outre un rôle majeur dans le transport des graisses dans le sang et jusqu’aux cellules en les accrochant aux protéines des LDL sous forme de CHO estérifié. Structurant, protecteur, stabilisateur et transporteur, telles sont ses 4 fonctions, sans oublier qu’il est aussi le précurseur des hormones corticoïdes et sexuelles, de la vitamine D et des acides biliaires. Pas de développement embryonnaire, pas de renouvellement des tissus, pas même de vie, sans CHO, comme on le voit dans les syndromes de déficit génétiques où ses taux de 0,1 à 1,3 g/l s’accompagnent de mort fœtale, de graves dysmorphies de la face et des membres et de microcéphalies, qui sont souvent mortelles avant l’âge de 2 ans. Telle est l’une des raisons pour lesquelles les statines entrainent une série de complications, en particulier musculaires, neurologiques, psychologiques et sexuelles et sont prohibées chez les femmes susceptibles d’être enceintes. Fort heureusement, aux doses utilisées, il est rare qu’elles abaissent le CHO en-dessous de 1,5 g/l.

    - Les mystérieuses plaques sont de simples cicatrices liées aux chocs pulsatiles de la pression artérielle répétés 3 milliards de fois au long de la vie sur les branchements et les courbures des vaisseaux et à leur cicatrisation inflammatoire incessante par les macrophages venus du sang, très actifs et donc riches en carburant, donc en graisses, et qui se multiplient sur place, prolifèrent et lèsent le muscle des parois artérielles (Science 2013).

    - Simple marqueur, simple témoin, le CHO n’y joue aucun rôle déterminant démontré et peut-être pas même secondaire, même si, aussi inerte et inaltérable qu’un cristal, il transporte des acides gras très oxydables, susceptibles eux, dans un deuxième temps, d’accroître l’inflammation locale et la croissance et la fragilité des plaques. Voire.

    Rappelons encore qu’on n’a jamais réussi à créer expérimentalement de véritables plaques chez l’animal par perfusion de CHO, sans blesser, griffer, simultanément les parois des artères. On obtient seulement une surcharge multiviscérale diffuse, comme celle observée dans les hypercholestérolémies familiales génétiques, qui, même si elle peut entraîner des obstructions coronaires et des IM chez des sujets très jeunes, est une tout autre maladie que l’athérome où le CHO et surtout les graisses s’accumulent dans tous les tissus, foie, muscles, tendons et artères.

    Rappelons encore qu’il n’y a aucun lien de causalité démontrée entre mortalité coronaire et taux de CHO, comme le montrent de nombreuses études épidémiologiques (Framingham, Wolfson Institute, MRFIT, Honolulu, etc.), malgré deux d’entre elles toujours citées par les cardiologues, mais complètement falsifiées, comme l’ont montré de multiples analyses (Enquête des 7 pays et du CTSU d’Oxford). Rappelons d’ailleurs que la fréquence de l’athérome est en France presqu’aussi basse qu’au Japon, 1,5 fois inférieure à celle de l’Italie et de l’Espagne, 2 à 3 fois inférieure à celle du nord de l’Europe et des Etats-Unis, alors que les taux de CHO y sont aussi élevés que dans ces pays. Ajoutons encore que les patients qui souffrent d’IM n’ont pas un CHO plus élevé que ceux qui n’en souffrent pas. Une évidence simple, mais toujours esquivée.

    Rappelons enfin à ceux qui s’en étonnent, que cette erreur vieille de 50 ans, n’est pas une exception en médecine, ni plus généralement en sciences. Ainsi, a-t-on longtemps cru que des centaines de milliers de pneumothorax et thoracoplasties guérissaient la tuberculose, qu’il a fallu 30 ans pour que la silicose soit reconnue comme maladie professionnelle, 30 ans aussi pour qu’on reconnaisse que le tabac était la cause de 90% des cancers du poumon, 30 ans pour interdire l’amiante, dont beaucoup de médecins, liés à l’industrie, niaient les dangers, 10 ans pour imposer le Salbutamol dans l’asthme contre la théophylline, 10 ans et des milliers de morts de nourrissons qu’on faisait dormir sur le ventre avant d’enfin les retourner,35 ans pour sortir le Médiator du marché, 20 ans pour s’apercevoir que le traitement hormonal de la ménopause ne protégeait pas des maladies cardiaques et artérielles et des cancers, et qu’au contraire, il en augmentait probablement la fréquence et qu’enfin, en 1997, l’OMS classait la pilule parmi les cancérigènes, alors qu’elle réduit très sensiblement la fréquence des cancers. La responsabilité du CHO dans l’athérome n’est donc qu’une erreur de plus, mais difficile à éradiquer parce que l’industrie pharmaceutique en a fait un immense marché et que beaucoup de cardiologues en vivent, car 6 millions de consommateurs de statines, c’est au bas mot 12 millions de consultations et d’examens biologiques par an.

    L'illusion des statines

    L’ILLUSION concerne l’efficacité des statines pour réduire les accidents cardiovasculaires (ACV), proclamée comme un dogme intangible et, comme on va le voir, sans preuve, dès les premières lignes de milliers d’articles depuis 20 ans et de nouveau, dans celui de N. Danchin. Illusion pour la plupart des médecins, mais mensonge délibéré de la part de quelques-uns, qui, justement, fabriquent l’illusion.

    Pour étayer leurs arguments, les auteurs de cet article s’appuient sur une seule des 13 grandes études synthétiques (on appelle ça des métanalyses) publiées depuis 2003 (LAW 2003, CCTC 2005, 2010 et 2012, COCHRANE 2003. 2011 et 2013, CHOUDHRY 2006, ABRAMSON 2007, MILLS 2008, BRUGTS 2009, RAY 2010, WRIGHT 2010) portant chacune sur 35.000 à 170.000 patients (souvent les mêmes), suivis en moyenne 4 ans, en prévention dite primaire ou secondaire (PP et PS), selon qu’ils ont ou non déjà soufferts d’IM ou d’AVC.

    Référence unique, mais surtout fausse (référence 7), car elle n’est pas celle de la CCTC annoncée dans le texte et publiée en 2005 dans le Lancet, mais celle d’un groupe néerlando-americano-anglo-japonais, publiée dans le British Medical Journal en 2009. Seuls les hyper-experts s’y retrouveront.

    Il n’est cependant pas sans signification que les auteurs se réfèrent dans le texte aux travaux du CCTC, réalisés par le CTSU d’Oxford, le groupe de statisticiens de loin le plus favorable aux statines et pour cause, car, malgré ses apparences officielles et publiques, le CTSU est une officine privée, certes liée par contrat à la Radcliffe Infarmery d’Oxford, qui lui confère son apparence publique, mais il est pour la plus grande part, et de loin, financé statutairement par MSD (Merck, Sharp and Dome) et au cas par cas, par les firmes GSK, Astra-Zeneca et BMS, fabricants des statines. Le CTSU a été fondé par Sir R. Doll, lourdement condamné il y a 3 ans, peu avant sa mort, pour malversations et falsifications graves. L’officine s’est particulièrement illustrée au service des grandes firmes pharmaceutiques en produisant des évaluations ou des études épidémiologiques, fondées sur des statistiques volontairement falsifiées (régression linéaire logistique logarithmique et mystérieux et arbitraire shrinking factor), dont pas un médecin ne s’est rendu compte, et visiblement pas N. Danchin, et qui lui ont permis de faire croire, entre autres, que les risques de l’hypertension artérielle commençaient  à une systolique de 11 et ceux du CHO à 1,50 g/l et croissaient ensuite linéairement, ce qui a conduit à traiter les hypertensions artérielles dès 12 ou 13 et le CHO quel que soit son niveau, selon l’axiome « the lower, the better », ce qui a permis de quadrupler les marchés de l’industrie qui ne finance pas le CTSU pour rien.

    La référence unique à une métanalyse est un danger. Les métanalyses sont faites pour deux raisons. La première est de gagner du temps de lecture, puisqu’elles rassemblent en un seul article les données de 10 à 50 d’entre eux, permettant aux gens pressés de gagner beaucoup de temps. Mais elles sont surtout faites pour augmenter le nombre de cas étudiés de 5.000 à 100.000 et atteindre ainsi la précieuse signification statistique après laquelle courent tous les essais cliniques individuels, mais il est évident que s’il faut 50.000 malades pour mesurer un effet thérapeutique, cet effet est nécessairement microscopique et sans incidence clinique. Ajoutons encore que les métanalyses regroupent des malades très différents en termes d’âge, de sexe, d’ethnie, de risques et de maladies associées, qui faussent les résultats globaux en tirant argument de la réponse de certains, pour en traiter d’autres. Les métanalyses sont de dangereuses synthèses.

    Pour en revenir au « travail » de N. Danchin, non seulement la référence est incertaine et donc invérifiable, mais les données qui en seraient extraites sont présentées de façon volontairement trompeuses, pour donner l’impression d’une plus grande efficacité des statines, un tour de passe-passe, qui utilise non pas les pourcentages de réduction de la mortalité coronaire ou des ACV par les statines par an, comme le veut la simplicité, la vérité et le système métrique, mais en les multipliant par le nombre d’années de traitement qu’ils ne précisent pas, les exprimant ainsi en « personnes.année (p.a)», ce qui tend à amplifier les apparences d’efficacité (exemple : si la mortalité est réduite de 1% par an pendant 5 ans, nos auteurs écrivent qu’elle est réduite de 5% par p.a, sans nous indiquer la durée, et le tour est joué). Tel est le nouvel « espace-temps » de l’industrie.

    Ainsi, en PP, les auteurs parlent de réduction de 0,53% pour la mortalité et de 1,44% pour les ACV, exprimés en p.a, sans dire sur quelle durée 1, 2, 5, 8 ans, sont calculés ces pourcentages, alors qu’en refaisant le calcul, on aboutit à des réductions annuelles minuscules de 0,08% / an pour la mortalité cardiovasculaire (vous avez bien lu 8, pour mille !) et de 0,36%, soit moins de 4/1000/an pour les ACV totaux (ACVT), soit plus de 99,6% d’inefficacité, obligeant à traiter 280 patients par an pour éviter un accident et 1250 pour éviter un décès annuel.

    De même en PS, les auteurs évoquent des réductions de 1,76% et 3,27% de la mortalité cardiaque et des ACV en p.a, mais obtenues respectivement en 8,0 et 4,8 ans, soit des efficacités respectives de 0,21% et 0,69% par an, conduisant à traiter 475 patients pour éviter un décès et 145 pour éviter un ACV, donc des traitements annuels inefficaces dans respectivement 99,79 et 99,31% des cas.

    (Ces données issues rappelons-le encore d’une référence inconnue, mais probablement du CCTC du CTSU d’Oxford, sont une fois recalculées, assez voisines, à un facteur de 1,5 ou 2 près, de celles des autres métanalyses).

    Evaluation personnelle des statines

    Nous avons mené une étude en cours de rédaction portant sur les 24 plus grands essais cliniques prospectifs, comparatifs, randomisés, en double-aveugle, sélectionnés à partir de 1200 publications pour leur rigueur, leur ampleur et leur portée générale et qui regroupent 170.000 patients suivis en moyenne 5 ans, 60.000 en PP et 110.000 en PS, ce qui constitue la plus importante série réunie jusqu’ici dans la littérature.

    Ces 24 essais ont été analysés selon 5 critères (mortalité coronaire ou cardiaque, ACV majeurs, ACVM, AVC, ACV mineurs et ACV totaux, ACVT), soit 24 x 5 = 120 résultats. Et le bilan pulvérise l’image d’efficacité des statines :

    65/120, soit 54% de résultats négatifs, c’est-à-dire non-significatifs.

    Réduction de la mortalité coronaire ou cardiaque dans 4 essais seulement/24 (17%), mais aussi augmentation de la mortalité coronaire dans 3 essais qu’il a fallu stopper prématurément 2 fois (ASCOT et JUPITER) et enfin 16 essais négatifs, soit au total 80% d’échecs.

    Il est intéressant de rappeler que les 4 études positives sont toutes antérieures à 2002 et que la première d’entre elles (4S, 1994), celle qui a propulsé les statines sur le marché, en annonçant une réduction relative de mortalité de 42% en 5 ans (mais une réduction absolue de seulement 0,65% par an) n’a jamais, et de loin, été confirmée à cette échelle. Elle est pourtant la plus citée par les cardiologues (26.000 citations contre au plus 200 à 500 pour les autres et 100 fois seulement pour les études négatives, délibérément ignorées, malgré le sérieux plus grand des EC des années post-2002). Notez que les 4 EC positifs datent de 1994 à 2002 et qu’aucun depuis ne les a jamais confirmés, peut-être parce que les EC après 2003 (affaire du Vioxx) sont un peu plus contrôlés qu’avant.

    Pour les ACV majeurs, 14 EC positifs sur 24 (7/24 pour les AVC).

    Si négatifs qu’ils aient été, ces EC n’en avaient pas moins reçu des noms mirobolants : JUPITER, MIRACL, IDEAL, MEGA, VICTORY, PROSPER, ILLUMINATE, PROVE IT, ASPEN, ASCOT, CORONA, ENHANCE, etc., dont 5 se terminent par une même phrase talismanique : « Bien que nos résultats soient négatifs, ils ne contredisent pas (« they do not detract) l’utilisation des statines pour prévenir les maladies cardiaques ». Rideau !!!

    Bilan déjà peu brillant, mais plus que cette négativité de plus de la moitié des essais cliniques, les EC statistiquement positifs ne montrent que des réductions sous statines extraordinairement minuscules cliniquement non signifiantes, trop faibles pour être opérationnelles (il est important de toujours séparer la significavité statistique et la signifiance clinique).

    Ces résultats sont si faibles qu’ils obligeraient à traiter en moyenne, selon les cas ou les EC, de 100 à 200 et plus souvent 300 à 700, patients pour écarter un accident par an, et parfois jusqu’à 2.000 ! A 700 €/an par traitement (statines, consultations et examens), ceci porterait le coût d’un accident écarté de 200.000 à 500.000 € et même parfois plus d’un million, des sommes impossibles à financer pour tous les systèmes de santé du monde.

    On pourrait arguer que la santé n’a pas de prix et que réduire de 0,2% / an la mortalité coronaire d’un million de Français à risque, permettrait de reculer la mort de 2.000 Français par an (dont la moitié de plus de 80 ans et à 300.000 € par tête).

    Or, ces résultats minuscules ne sont pas même crédibles parce que si les statines réduisaient la mortalité de l’ordre de 4 ou 5.000/an et les ACV de 18.000, comme le prétendent les auteurs, cela devrait entraîner une forte réduction des 50 à 60.000 décès par IM ou AVC annuels, une réduction que les statistiques épidémiologiques ne montrent pas, loin s’en faut. Ces réductions éventuelles seraient d’ailleurs dues avant tout aux autres traitements préventifs plus actifs que les statines, antiagrégants, anticoagulants, antihypertenseurs, modification du style de vie, réduction du tabac, contrôle du diabète et réanimation cardiaque d’urgence.

    Nous avons d’ailleurs comparé l’efficacité des statines à celle des antiagrégants, en se basant sur les plus grandes métanalyses (HEART 2001, HAYDEN 2002, CTSU 2002). Elles montrent que la réduction de mortalité et des ACV majeurs sont 5 à 10 fois supérieures à celle obtenue par les statines et capables de réduire les ACVM de 15 à 30% sur 10 ans. De vrais traitements préventifs.

    Nous avons aussi analysé l’effet des différents régimes en nous appuyant sur 21 grands EC, qui montrent que, malgré leur très faible efficacité (en particulier 3 fois moins marquée pour réduire le CHO), les régimes sont cependant 3 fois plus actifs que les statines pour réduire la mortalité coronaire et à peine inférieurs à elles pour réduire les ACV, spécialement les régimes à base de poissons gras, de noix et d’ω-3.

    Des essais cliniques falsifiés

    Pas biaisés, mais délibérément falsifiés à toutes les étapes, ce que nos naïfs cardiologues convaincus d’avance et qui ne les lisent même pas, n’ont pas remarqué, car ils croient aux dogmes et pensent ne pas avoir à se reporter aux réalités factuelles et aux données chiffrées. Je décris ci-dessous 13, chiffre fatidique, de ces falsifications de la recherche clinique :

    1. Tous les essais sont sponsorisés et financés par les firmes, à l’exception d’un, financé par le gouvernement américain et justement négatif (ALLHAT).

    2. Une firme ne peut investir 500 millions de $ ou plus dans des EC de milliers de malades sur 5 ans, dans des centaines de centres et des dizaines de pays, en recrutant et payant de 200 à 1.200 médecins investigateurs, et conclure à l’inefficacité ou au danger de ses molécules. Elle doitimpérativement leur trouver au moins quelques atouts, fussent-ils mineurs, que ses services marketing pourront ensuite exploiter en oubliant les aspects négatifs.

    3. Si les EC n’étaient pas falsifiés, les firmes ne refuseraient pas l’accès à leurs résultats bruts. Il n’y a aucune raison de refuser d’ouvrir les dossiers, s’il n’y a rien à cacher. Or, de nombreux procès ont montré que les firmes masquaient les résultats négatifs, publiant au contraire plusieurs fois des résultats positifs sélectionnés, La question de l’accès à ces données est actuellement débattue à l’échelle mondiale, tant il s’agit d’une donnée essentielle, mais l’industrie se bat bec et ongles pour défendre ce qu’elle considère comme une propriété intellectuelle et industrielle et au titre de la protection de l’intimité des malades… alors qu’il suffit d’un quart d’heure pour anonymiser tous les noms propres de ces résultats bruts. Cette controverse remplit actuellement chaque semaine toutes les grandes revues médicales.

    4. Les données brutes recueillies sur le terrain sont ainsi le plus souvent triées et sélectionnées par les médecins salariés des firmes et non par les médecins qui ont réalisé l’essai sur le terrain, ni par aucun médecin indépendant. Les données gênantes sont alors le plus possible éliminées (dans 20 procès, l’industrie a été condamnée pour cela 20 fois à 1 à 3 milliards de $ d’amendes, dont Pfizer, Lilly, GSK, MSD, Wyeth, etc. ont fait les frais, amendes très lourdes car ce ne sont pas seulement des échecs qui sont dissimulées, mais des dizaines de morts en cours d’essai escamotés ou classés comme « perdus de vue » et qui, s’il avaient été révélés, auraient évité les centaines et parfois les milliers de morts causés par certaines molécules, Vioxx ou antidépresseurs par exemple). Pour les statines, ce ne sont pas de morts qu’il s’agit, mais de complications beaucoup moins graves et d’échecs.

    5. Les EC de statines excluent de 60 à 90% des malades initialement recrutés, souvent après une période-test de 4 à 8 semaines sous placebo ou sous statines (période dite de run-in), ne retenant que des malades « idéaux », pas trop vieux, sans pathologies associées, sans risques de complications musculaires, hépatiques, cutanées, neurologiques, psychiatriques ou sexuelles des statines, des patients assez graves pour risquer un ACV, mais pas trop pour ne pas en mourir rapidement. Les résultats de ces essais sont ensuite extrapolés à toute la population générale, qui est réagira évidemment de façon bien différente, en particulier par des complications sérieuses 5 à 10 fois plus fréquentes que celles recensées dans les EC, où l’on a précisément éliminé dès le départ tous les sujets potentiellement susceptibles d’en faire et qui ne consacrent que 3 à 5% des articles à analyser les effets secondaires.

    6. Au cours de ces EC de 5 ans en moyenne, 70% des patients sont perdus de vue (parmi les « perdus de vue », les firmes incluent souvent les accidents qui conduisent à interrompre le traitement). 30% interrompent d’eux-mêmes l’essai et ceux qui le terminent ne se traitent en moyenne que 75% du temps, tandis qu’à l’inverse, ceux qui sont sous placebo sont mis par leur médecin traitant à une statine dans plus de 20% des cas, de sorte qu’au bout de 5 ans, il est bien difficile de savoir qui a pris ou pas pris une statine, mais pour s’apercevoir, il faut lire les EC ligne par ligne, pas distraitement du bout d’une canne blanche. Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

    1. Les critères d’évaluation sont « adaptés » et comportent non seulement les mortalités coronaires et cardiaques et les IM caractérisés, mais beaucoup de « cardiac events », d’évènements cardiaques mal définis, peu objectifs et mêlés à ce qui relève de décisions médicales,  telles que les hospitalisations et revascularisations par stents ou pontages. Ces critères individuels sont souvent regroupés en critères « composites » à géométrie variable, visant à  augmenter la signification statistique au prix d’une réduction de la signifiance clinique. Remarquons aussi que la définition de l’IM est aujourd’hui très floue (la troisième définition internationale en distingue 8 variétés, de la mort subite aux infarctus « silencieux » ou seulement « suspectés », avec des frontières ténues avec les syndromes coronaires aigus et les angor instables).

    Notons encore que beaucoup de malades souffriront, au cours de l’essai, d’angor, puis d’angor instable, puis ferons 1 ou 2 IM silencieux ou pas, recevront un stent ou un pontage coronaire et seront hospitalisés plusieurs fois, de sorte que les mêmes malades apparaîtront plusieurs fois dans les statistiques, comme dans les armées mexicaines. Autrement dit, une salade illisible de critères d’évaluation permettant toutes les dérives.

    1. Les résultats sont ensuite présentés de façon attractive, en termes de ce qu’on appelle la réduction relative : 100 morts d’un côté, 80 de l’autre, donc 20% de réduction. Résultat spectaculaire, mais qui masque qu’il a fallu traiter 2.000 patients pendant 5 ans pour y parvenir, soit une réduction, dite absolue, de 20/2.000, soit 1%... en 5 ans, soit 0,2% par an, soit 2 patients sur 1.000 bénéficiant du traitement, ce qui oblige à traiter 500 malades par an pour écarter un accident par an. Les cardiologues doivent comprendre que ne s’intéresser qu’aux 20% de réduction relative en 5 ans est une grave erreur.
    2. Les analyses statistiques sont réalisées par les statisticiens appointés des firmes et parfois grossièrement falsifiés et de façon très visible, même pour les non-experts, mais à condition de lire réellement les résultats. J’en ai donné des exemples dans mon livre sur « La Vérité sur le Cholestérol ».

    10. Les articles sont ensuite rédigés par des compagnies satellites, filiales des compagnies pharmaceutiques, spécialisées dans la rédaction à la chaîne des articles à publier et jusqu’à 500 par an, par des rédacteurs professionnels baptisés « auteurs-fantômes » (ghost writers), qui sont ensuite proposés pour signature à des « auteurs-invités » (guest authors), universitaires complaisants, qui soldent ainsi leur nom pour 10.000 $ pour un article pré-rédigé, qu’ils ne modifient souvent même pas, parce qu’ils sont souvent presque sincèrement convaincus d’avance des dangers du CHO et de l’efficacité des statines. Ayant ainsi valorisé leur titre universitaire en dollars, ils valorisent en contrepartie l’article par leur signature, signature d’autant plus connue qu’ils répètent l’opération chaque année ou plusieurs fois par an (voir en France les innombrables publications de N.D. ou de quelques autres cardiologues). Ils atteignent ainsi à une notoriété quantitative qui les propulsent au premier rang des estrades de congrès et au bureau ou à la tête des sociétés de cardiologie.

    11. Valorisés par leur « guest authors », les articles sont acceptés les yeux fermés par les éditeurs des grands journaux, qui sont d’autant moins exigeants sur la qualité scientifique des travaux qu’ils ont eux-mêmes, et de plus en plus, même les plus grands, besoin pour survivre de la publicité pharmaceutique et surtout des commandes de « suppléments » et de centaines de milliers de tirés à part, distribués ensuite directement aux médecins par les visiteurs médicaux.

    12. Après quoi, les mêmes universitaires qui ont cosigné ces articles conduisent leurs sociétés savantes, toujours à cours d’argent, à promouvoir la molécule à travers leurs congrès et séminaires internationaux, nationaux régionaux et départementaux.

    13. Enfin, les agences de santé des états, qui ont la charge d’établir des recommandations officielles, font plutôt naïvement et comme naturellement appel à ces mêmes représentants des sociétés savantes, pour les rédiger, de sorte qu’en pratique l’industrie pharmaceutique tient quasi-directement la plume des prescripteurs avec l’appui de ses visiteurs médicaux et des journaux à sa merci comme tant de publications médicales. Il faut alors tout le travail, la lucidité l’abnégation, le courage et la rigoureuse honnêteté de la revue indépendante « Prescrire » et de quelques associations de généralistes, comme Formindep, pour résister à cette marée d’informations falsifiées.

    (Sur tous ces sujets, voir le livre de M. Angell, que j’ai traduit, du Pr J. Kassirer, de R. Smith, tous anciens éditeurs en chef du New England Journal of Medicine ou du British Medical Journal, ou du Dr B. Goldacre, aussi du Guardian que je traduis,… ou de J. Virapen, ex de Lilly, qui va sortir et dix autres).

    Car il y a bien d’autres roueries encore, cousues de fil blanc, pour peu qu’on veuille bien ouvrir les yeux et ne pas résumer l’action médicale à la prescription de médicaments récents, quelle que soit leur réelle efficacité, leur prix et leurs risques, comme c’est actuellement le cas avec les nouveaux anticoagulants, les nouveaux antidiabétiques, etc.

    La nano-enquête bâclée de N. Danchin et son extrapolation illicite 

    Troisième et quatrième piliers vermoulus de l’article de N.D., l’extrapolation illicite d’une micro-enquête bâclée en un mois, sur 142 patients interrogés par un simple questionnaire écrit, soit 1 pour 50.000 des Français sous statines !

    Donc 26 de ces 142 patients envisageaient de stopper les statines (18%) (« very few », très peu, disent les auteurs, l’auraient effectivement fait). En extrapolant à tous les Français sous statines, c’est 4.492 accidents cardiovasculaires et 1.159 morts coronaires de plus à prévoir dans l’année, disent-ils, dont les auteurs du « Guide des Médicaments » et celui de « La Vérité sur le Cholestérol » seraient responsables, soit plus de 3 décès par jour, un toutes les 7 heures ! Remarquons au passage que les cardiologues n’ont pas hésité depuis 10 ans que les statines sont largement utilisées, à poursuivre les essais pour tenter désespérément d’apporter la preuve de leur efficacité ou pour lancer de nouvelles statines ou pour en augmenter les doses et qu’ils ont ainsi introduits 100.000 patients dans ces essais, dont 50.000 sous placebo sans le savoir, et cela pendant 5 ans. De combien de morts, si on utilise leurs critères, sont-ils ainsi eux-mêmes responsables ?

    Rappelons succinctement et sans entrer dans les détails, qu’un résultat statistique fondé sur un échantillon de 142 personnes n’apporte, selon la règle de Schrödinger (Nobel de Physique), qu’une précision très faible, ici de l’ordre de ± 10%. Son extrapolation à 6 millions de Français se fait donc en première approximation avec une précision comparable de ± 600.000. Le résultat n’est donc pas 1.159 morts supplémentaires, mais 1.159 ± 600.000, sans évidemment la moindre signification, la dispersion étant 500 fois supérieure à la grandeur mesurée.

    L’extrapolation réalisée dans cet article devrait entrer dans les annales des sottises statistiques et être, à ce titre, enseignée sous le nom « d’erreur Danchin »  aux enfants des écoles dès la classe de 6ème. Il est d’ailleurs probable et à espérer que les auteurs n’y croient pas eux-mêmes, mais ils n’ont clairement pas mesuré le ridicule de leur argumentation. Il y a des erreurs qui devraient briser des carrières. Mais ce n’est pas la première des cardiologues de l’HEGP. En 2011, le Pr JY. L. s’était illustré (Lancet 2011, 378 : 662) en s’élevant hystériquement contre la lenteur de l’Agence Européenne du Médicament, qui avait mis 6 mois de plus que la FDA américaine pour autoriser le nouvel anticoagulant Pradaxa, en affirmant que ce retard de 6 mois avait été responsable d’un véritable génocide européen, qu’il chiffrait à 90.000 AVC supplémentaires que le miraculeux Pradaxa aurait permis d’éviter. Il était évident dès cette époque et largement confirmé aujourd’hui que le Pradaxa n’est pas plus efficace que les anciens anticoagulants, mais qu’il est plutôt plus dangereux et surtout beaucoup plus cher que les thérapeutiques antérieures, comme le montre la lecture des EC et les avis, toujours pertinents, de « Prescrire » et de la Commission de Transparence de la haute Autorité de Santé.

    Conclusion

    Bien qu’il contribue à déstabiliser un peu plus les médecins et surtout les patients, cet article très remarqué, au moins par le Quotidien du Médecin, comporte deux éléments positifs.

    Premier élément, ma remise en cause de l’utilité des statines serait parvenue aux oreilles de 68% des patients et 18% songeraient à l’interrompre, après en avoir discuté avec leur médecin et je l’espère, pas de leur propre chef, car la valeur d’une prescription vaut ce que vaut le dialogue médecin-malade, même si, comme l’écrit si bien F. Saldmann, notre principal médicament c’est nous-mêmes.

    Deuxième élément positif, les controverses sur le CHO et sur les statines que certains cardiologues avaient décrétées définitivement closes (« il n’y a pas de controverse », avait déclaré, péremptoire, le cardiologue le plus compromis avec l’industrie pharmaceutique, plus même que N. Danchin (un fonctionnaire de l’Etat en même temps titulaire de 17 contrats financiers personnels, membre de 6 « Advisory Reboards » et plusieurs « Speaking Bureaus » des compagnies, coacherman d’un grand « Registry » international réunissant 1500 médecins et 50000 malades dans 60 pays, entièrement financé par une grande firme, évidemment par philanthropie). La controverse de Valladolid du CHO aura pourtant bien lieu désormais, quoi qu’en pense ce « gran inquisitor ». La voici rallumée grâce à N. Danchin, que j’en remercie. Mon prochain livre et mon prochain article dans un journal scientifique ne pourront plus être étouffés.

    Il en va de la sécurité des patients, car il y a beaucoup à dire des complications sérieuses et même quelquefois graves des statines auxquelles les auteurs des EC ne consacrent que 3 à 9% de leurs articles, ne les évaluant qu’à 3% des patients, prétendues le plus souvent pas plus fréquentes et même parfois moins fréquentes que sous placebo, mais après avoir éliminé des essais tous ceux qui pouvaient en souffrir. Hors EC, elles imposent pourtant l’arrêt des traitements dans 14 à 17% des cas, alors que le Pr Philippe Gabriel Steg, autre Danchin, le « gran inquisitor » (qui cosigne, lui, un article tous les 9 jours, record de France), estime que les statines sont « very safe » (très sûres).

    Il en va aussi de la vérité scientifique et il faudra bien éradiquer les mythes archaïques sans base objective et rétablir à la place qu’elle mérite, l’une de nos plus précieuses molécules, le CHO, de façon à résister demain aux futurs anti-CHO que prépare désespérément l’industrie pour remplacer la poule aux œufs d’or des statines, aujourd’hui génériquées. Ce ne sera pas chose facile pour elle, qui a déjà essuyé de terribles échecs avec l’Ezetimibe et surtout les Cetrapides (qui, au prétexte d’augmenter les HDL, le soi-disant « bon cholestérol », ont pratiquement doublé le nombre de morts avec le désormais fameux EC « ILLUMINATE » au nom prédestiné), mais elle a de grands espoirs dans les futurs anti-PCSK-9, des anticorps monoclonaux ou des mini-ARN qui, s’ils s’avéraient cliniquement efficaces, seraient un traitement non pas à 1, mais à 50 € par jour. Il faudra bien alors en réduire les indications pour les financer. Il est cependant fort probable que ces nouveaux anti-CHO n’auront aucun effet clinique mesurable et échoueront à maintenir les ressources financières de quelques grandes firmes. Résultats dans 3 ans.

    Pour ces deux éléments positifs, je remercie Nicolas Danchin et ses collaborateurs, mais j’aurais préféré qu’ils m’invitent à discuter au fond. Mais il leur faudra préparer leur dossier mieux qu’ils ne l’ont fait pour cet article. Je veux d’ailleurs bien leur apprendre gratuitement la biologie, la biochimie et les statistiques qu’ils paraissent ignorer.

    P.S. Je n’ai pas relevé ici les petites erreurs dont fourmille l’article, soit au niveau des références (telles les références 7 et 10) ou le fait qu’il y aurait, disent-ils, 8,7% des Français sous statines, soit avec 6 millions de consommateurs, 58 millions de Français et non 65 millions, ou encore le nombre de sujets en PS qui serait de… 1.218 millions. Je n’ai pas non plus donné la liste des 800 références et des 20 ouvrages anglo-saxons sur lesquels est basé ce commentaire. Ça viendra. (plus de 150 figurent dans mon livre « La Vérité sur le Cholestérol »).

    Pr Philippe Even, professeur émérite, Université Paris Descartes

    Le Pr Philippe Even n’a et n’a jamais eu aucun lien financier avec quelque industrie que ce soit.

    Lire également le commentaire du Dr Michel de Lorgeril

    Partager via Gmail Yahoo!

    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires